Maxime Michelet



mes sœurs et mes frères


Dans les albums de familles, les premières photos, épreuves et preuves de nos existences, ne nous racontent pas seuls... Nus au bain, sous le sapin, sur le sable, portraits endimanchés, elles nous mettent en scène aux côtés de celles et ceux qui partagent, par l’intime et par l’âge, notre monde.

Partant de ce constat, Mes sœurs et mes frères recrée quelques-uns des moments, bêtises ou sacrements qui, du début à la fin, font la vie des fratries. Du repas au jeu, du jardin au canapé, du rire au deuil, les temps complices ou solennels renaissent sous forme de tableaux exaltant la fraternité et la sororité.

La conjonction de ces multiples scénettes dessine alors un monde : un monde de sangs liés, de rivaux pourtant alliés, de nos derniers soutiens, parce qu’ils étaient là les premiers.

Avec chaque fratrie s’est fait un choix de mise en scène capable de symboliser les liens singuliers qui les unissent. Ainsi immergé dans ces récits familiaux, une fratrie en apportant une autre, j’ai vu se tisser un réseau fait d’amis, de cousins, des sœurs de ces amis, des frères de ces cousins, puis les sœurs de ces frères et les frères de nos sœurs...

Alors, projetée dans une toile dépassant les tableaux, la fraternité a pris un sens ultérieur.


In the family albums, the first photos, proofs of our existence, do not represent us alone.
In a bubble bath, under the Christmas tree, on the beach, all dressed up ; our early moments feature us with our close-in-age relatives : our sisters and brothers.
my sisters and brothers stems from this realisation as it recreates some of the silly and sacred moments that unite siblings. Be it a meal or a game, from the garden to the sofa, grieving or laughing ; this series revives the mischievous and solemn times that exalt siblinghood.
The combination of all these scenes draws a world : a world of tied bloods, of allied rivals, of our last supports, for there were our first.
Each group of siblings is presented in a staging that is symbolic of their specific bond.
Immersed in all these family tales, I then witnessed the knitting of a network made of friends, cousins, friends' sisters and cousin's brothers, and the brothers' sisters, and our sisters' brothers.
Beyond all the photos, siblinghood then took on a whole new meaning.

la déglingue
Par la mise en place de sa ZFE (zone à faible émission), la métropole du Grand Paris a depuis juillet 2019 commencé à interdire la circulation aux véhicules jugés trop polluants.

La classification Crit’Air de ces derniers, allant de 1 à 5, prévoit donc la mise au ban progressive de nombreux moteurs diesel et de voitures construites avant l’an 2000, pour un horizon 2030 doté de 100% de véhicules propres.



Cet objectif qui cible le trafic routier dans et autour de la capitale s’assortit d’une refonte des mobilités et du renforcement des réseaux déjà en place, comme ceux de la RATP et de la SCNF. 
L’extension et la modernisation du réseau métropolitain, la multiplication des pistes cyclables, la création de nouvelles voies et places pensées pour les piétons, constituent autant de projets qu’il y a de futurs, mobiles et verts, pour la métropole du Grand Paris. 



Ces changements imposent un adieu inexorable aux voitures mythiques qui ont constitué le paysage routier français des décennies passées.
De la Twingo qui conduit Monsieur Tout-le-monde au travail, au Scénic qui emmena sa famille en vacances; bientôt disparaîtront ces bolides ‘déglingués’, figures roulantes d’une époque révolue.
   

La série d’images constituée ici met en scène cet adieu aux voitures par leurs conducteurs, dans des lieux évocateurs de transition des mobilités. Du centre bus de Belliard au port de Gennevilliers, en passant par un chantier d’extension de la ligne 14 et un entrepôt de stockage de Vélib’, la confrontation entre un passé imposé, un présent et ses futurs se fait alors entre poussière et lumière.

Les conducteurs de ces voitures, récalcitrants ou résignés, embrassent une dernière fois le capot, puis font biper leur Navigo.

La déglingue is a series that documents the foreseeable disappearance of old cars in the area called Grand Paris.
Grand Paris is both a political and infrastructural mega-project that covers the city of Paris and the surrounding districts. The fast-paced modernisation of the Grand Paris territory includes projects such as the extension and creation of new metro lines, cycling lanes on every road and an overall greener transportation network.
Along with these reforms, last year, the council of Grand Paris enforced a progressive ban of old diesel cars since they are deemed too polluting.
In the coming years, as intended by those who want a future bereft of cars for Paris, many old cars will be abandoned.
La déglingue aims at photographing one last time these beloved cars, as well as their quirky owners, before bidding farewell to them in the name of modernity and a greener future.




rayane au sud-ouest
Rayane au sud-ouest est une exploration photographique qui vient visiter, confronter et exposer avec une fausse naïveté les standards visuels définissant la culture du sud-ouest de la France.

À travers 6 tableaux réalisés dans des paysages naturels ou infra-structurels typiques de la région, et avec l’accumulation d’objets ou de personnages capturant les folklores, un voyage onirique s’organise.

Le modèle, Rayane, qui n’a jamais foulé le sol sud-occidental auparavant, est placé dans des situations inconnues, exaltant une précaire intégration spatiale et sociale que le photographe, Maxime, originaire du territoire en question, a lui-même souvent connu en grandissant.

La masculinité malingre du modèle, miroir de celle du photographe, sert ici de véhicule contradicteur pour traverser ces tableaux où les forces brutes d’une terre marquée par la ruralité et le labeur sont dévoilées.

Rayane in the South-West is a photographic journey that visits, challenges and exhibits, with a false innocence, the visual standards defining France’s south-western culture.
Through 6 scenes that were shot in natural or infrastructural landscapes of the region, and via the accumulation of artefacts and characters capturing local folklores, a dreamlike trip begins.
The model, Rayane, who had never set foot on the south-western soil before, was placed in unknown situations, echoing with the precarious social and spatial integration that Maxime, the photographer, himself experienced while growing up.
The model’s thin masculinity, mirroring that of the photographer, serves as a contradictory vessel pacing through the different scenes where the raw forces of the land unravel.







 

germanama
Il y a 130 ans, l’actuelle Namibie était colonisée et nommée « Sud-Ouest africain allemand » (Deutsch-Südwestafrika).

Amakhoe, jeune namibienne, a appris au fil des années tous les gestes et les faits, ainsi que les méfaits, de l’Allemagne sur la terre de ses ancêtres.

Elle a appris beaucoup sur la spoliation, l’appropriation des ressources naturelles et la destruction des traditions.

D’une certaine manière, cette leçon d’Histoire lui a enseigné tous les codes du parfait petit colon.



Alors, pourquoi ne pas passer à la pratique ? Et quel meilleur endroit pour pratiquer que le sud-ouest de l’Allemagne lui-même ? Pied-de-nez sémantique, clé de bras historique.

En 2023, le Sud-Ouest allemand n’a ni désert ni antilope. C’est une terre humide, verte, riche et policée : c’est le land du Baden-Württemberg. Une terre bardée d’atouts : le bon bois de la Forêt Noire, les eux vivifiantes de Baden-Baden, la plus ancienne et robuste industrie automobile du monde à Stuttgart, les châteaux, les costumes, les traditions… et les tribus accueillantes.



Germanama - cette série photographique met en scène l’aventure coloniale moderne, inversée et insolite - parce qu’elle se tient sur une terre qu’on suppose, à raison ou à tort, à l’abri des convoitises, protégée des invasions.

130 years ago, a country today known as Namibia was colonised and named «German South West Africa».

Amakhoe, a young Namibian woman, has had to learn about the many things Germany did on her forefather’s territory. She learned a great deal about land theft, natural resources appropriation and cultural heritage annihilation. In a sense, Amakhoe was unintentionally offered the entire ‘little coloniser’s toolkit’.

So why not put this knowledge in practice? And what better place to experiment than the German South West itself.

In 2021, Germany’s South West has no desert nor antelopes. It is lush and green, rather wealthy and clean : it is the Land of Baden-Württemberg. A land that holds many assets : good wood from the Black Forest; fresh springs in Baden-Baden; the world’s oldest and strongest automotive industry in Stuttgart; old castles, colourful costume… and inviting tribes.

Germanama displays this modern colonial experiment, a quirky and inquisitive exploration of a land who supposedly doesn’t face foreign intentions.

An echo of the past.

An echo ?

Or a blast ?